Début d'explication pour "le vol d'entretiens"
Rencontre improbable et pleine de « sens ».
Il est 20h-20h30, qu’en sais-je ? Nous refaisons nos
mondes. Frédérique finit une salade de fruits, idem pour Gilles après une
tartiflette (la salade de fruits donne bonne conscience), Fabrice était à
cheval avec son steak alors que Serge attaquait du poisson mais en blanquette.
Groupe de pairs, de deux paires, nous étions branchés sur
les discussions qui ont pour but de nous refaire, de nous défaire et de ne pas
s’en faire… sans l’image qui se perd.
Qui de la sociologie, de la sémantique, des courants de
pensées, de la théorie des organisations. Nous revenons sur notre journée et
nos « angoisses », nos modèles empiriques, construits, défragmentés,
chaotiques, très documentés dans les fonds des bibliothèques de chacun ; Frédérique
en tant que tête chercheuse de tous ces savoirs, de Gilles et de sa richesse
des lectures faites qui ont parcourues sa vie de thésard, Fabrice et sa
connaissance des organisations et des gestions d’équipes, Serge qui prône le
rien dans le tout ( ??).
Nous glissons sur les travaux à rendre, les écrits à
restituer, toutes ces choses qui formalisent une formation en devenir. Serge
écrira-t-il le cadre de référence ? Question non innocente d’un pair qui
avance à toute vitesse et qui « tape » sur une zone… Que se cache-t-il derrière ou que cache-t-il
derrière ? Finalement qui se cache derrière ?
Serge souhaite revenir sur le coaching de cet après-midi
pour ouvrir des portes, ou montrer les couleurs de son arc-en-ciel. Comment
s’est-il construit pour prétendre être coach ? Faut-il savoir ? Les
théories non acquises, les ouvrages non lus sont-ils des manques ? Serge
développe sa théorie d’une vie fracassée ou fracassante. Son intuition, et
finalement sa peur d’être analysé ? Pourquoi ?
Suis-je vrai ?
Elle est la question fondamentale ou le fondement. Elle est l’angoisse. Je ne suis que celui qui
se dit « je sais que je sais ». Que sait-il ? A l’intérieur les bruits de ses rues pleines de souvenirs,
de croyances sans église, de valeurs sans argent. Dans les rues, des gens, des
rencontres et un savoir approprié par l’écoute, l’échange, le vol furtif
d’entretiens qui n’étaient pas les siens…
Serge explique qu’il assimile, digère et associe tout de
l’autre, par l’autre. C’est là le moment de la rencontre. Il est là, finalement
comme moi, en écoute, en vol d’entretiens qui n’étaient pas les siens. Lui
c’est Marc. Attablé près de nous, cet homme improbable, que nous n’avions pas
remarqué, cet inconnu d’à côté à la présentation qui nous amène à ne pas le
croire de notre monde (tous ces préjugés de l’apparence), Marc entre en
relation par un discours riche, métaphysique, riche,
« émerveillant », riche et érudit, il est bien au moins trois fois
riche. Il s’autorise à prendre part à nos échanges en se faisant accepter par
les deux pairs qui sont sans mots. Abasourdis par cet homme qui entre dans
notre monde sans que nous ayons eu idée d’entrer dans le sien, celui de l’image
laissée. Il est scientifique, non intégré à notre système de société par son
trop plein de savoirs, cette soif de savoirs, de connaissances accumulées, d’un
regard sur le monde plus « vrai » que le nôtre. Qui est-il ? Cette question n’est pas nécessaire : il
est.
Nous aurions pu discuter la nuit entière sur comment évolue
le monde, où vont les hommes ou quelle civilisation prendra le relai
demain ? La naissance d’un « dieu », l’explosion d’une
civilisation… Matrix ou l’avènement des
machines.
Alors oui, les rencontres sont un ciment. Et le ciment sert
la construction.
Elle n’est pas furtive, la rencontre. Dans cet espace-temps,
la minute n’a pas de prise. Elle n’est pas chronométrée ; elle est mesurée
à l’empreinte qu’elle me laisse, et je prends le risque pour mes pairs, qu’elle
leur laisse.
Il s’appelle Marc. Vous l’avez vu. Aujourd’hui, nous l’avons
rencontré.