Parti de rien, Serge glisse sur le clavier.
Les mots sont une puissance de l'esprit.

dimanche 13 octobre 2013

Mémoire - Conclusion

Conclusion
OUPA13 : la baronnie des DUC

Il était une fois…
            Un jour, un ministre bienveillant et plein de sagesse eu l’idée de rassembler des barons derrière un projet : former à l’écoute, grandir en devenant néant, en faire des adeptes de la transformance. Il se donna un an pour faire aboutir le projet et appela tous les spécialistes du royaume, et au-delà, pour arriver à ces fins. Pas les siennes, mais celle de l’idéal. Il sélectionna les barons sur des critères objectifs, et lança le programme en ce début d’automne de l’an 1.
            Je vais ne pas vous conter l’histoire d’un baron, fier,  indépendant et rebelle. Aurait-il voulu être roi ? Je le crois. Pour lui, être roi c’était être devant, calife à la place du calife. Croyait-il pouvoir changer le monde ? Il marche à la reconnaissance ; aimé de son peuple, dans sa baronnie, il s’est fabriqué un royaume. Il s’est construit parfois froid, parfois distant, il est aussi jovial, bavard et dynamique. C’est un spécialiste du non-conventionnel, réfractaire à l’autorité, plein d’imagination ou d’imaginaire, il sait se fondre aussi pour plaire. Qui est-il ? Est-il vrai ? Il est multiple. Il sait faire vivre plusieurs personnages et présente l’un ou l’autre fonction des circonstances. Il n’aime pas se sentir en soumission, il n’aime pas ne pas être entendu.
            Aujourd’hui, en cet automne de l’an 1, il entre au sein de la table ronde. Les spécialistes sont venus depuis et à plusieurs reprises. Quatre jours par mois, il se pose et se fracture (ou pas). Il y a les autres barons… chacun jouant sa partition. Il intègre un groupe de pairs. Cela est étrange. Tantôt extraverti, tantôt observateur, il livre des morceaux de lui, du vrai, mais est-il vrai ? Il sent bien qu’il n’est pas ou ne sera pas le Roi. Ce n’est pas cela qu’il est venu chercher, il le sait. Mais sa construction, son modèle, doit-il le déchirer, l’exploser ?
            L’hiver est passé, le printemps « dépassé », aujourd’hui, c’est l’été, 28 juin 2013, les Barons sont fatigués…Tous les « sorciers », les « chamans », les « gourous », qui n’étaient en fait que de simples femmes et hommes chargés d’humanité et d’humilité ont exercé sur nous leur pouvoir. Nous avons côtoyé des professionnels qui ont transmis un savoir de sagesse, pour moi appuyé sur plus loin vers le rien, vers le vide. Je fus tenté pour être le Fou du Roi, mais pas de roi, pas de couronne. Ils en ont rêvé de la table ronde et d’un Arthur qui serait le rassembleur d’un royaume en construction. Mais Merlin se cache en chacun de nous et chaque Baron a un territoire à défricher, qui n’est pas facile à livrer. Il existe des zones d’ombre, des dragons enfouis qui sont prêts à se réveiller si par ailleurs il venait à l’idée de quelques Chevaliers de vouloir entrer dans la grotte. Les rassemblements des Barons sont terminés. Ils rentrent chez eux fatigués. Ils savent qu’ils ont vécu un temps précieux en commun, que la paix de leur territoire passe par ce chemin de rencontres. Ils ne pourront pas l’oublier. Ils continueront à échanger, sur d’autres territoires, tous ou quelques-uns, par affinité, par envie, par hasard…
Ont-ils trouvé ce qu’ils cherchaient ?
Leur quête du Graal tel un Perceval ou un Galaad ne fait que commencer.
            Voyez-vous ? Voyez-vous au-delà des apparences ? Je ne suis qu’un conteur d’histoires, et celle que je viens de vous proposer est un imaginaire ouvrant sur le champ des possibles. Je, nous ne sommes pas les héros des histoires à suivre. Objectifs, problèmes, envies, angoisses, limites, croyances, valeurs vous partagez nos jours et nos nuits, ombre et lumière…
            Le principal personnage, celui qui proposera le script, réalisateur et producteur de son film est et reste celui qui s’adresse à nous pour trouver d’autres scenarii, peut-être un figurant. Ou des compagnons d’armes, des écuyers pour ces chevaliers qui ont leur propre quête ? Elle nourrira la nôtre, j’en reste persuadé. Nous avancerons, nous progresserons, nous développerons de nouveaux modèles. Les processus seront toujours revisités, les pensées bousculées. Aujourd’hui, la programmation neurolinguistique, l’analyse transactionnelle, l’orientée solution, la narrative ou la gestalt. Demain, sur nos territoires…
Nous sommes l’infiniment petit, ils sont l’infiniment grand.
Et si le problème n’est pas le problème !
S’il est le symptôme, que sert-il ?
Qui sert-il ?
Que vient-il nourrir ?
[1]





[1] Stéphane Crabié, Philo-coach, chevalier noir d'une impression médiévale à l'entrée. Mais le noir, la partie "Prince Jean", n'est pas le personnage. Une approche philosophique du coaching, ou une approche coachique de la philosophie, toujours est-il que « Socrate est bien un bavard, un imposteur » (à replacer dans son contexte).

Mémoire - synthèse rélexions prersonnelles

7.   Synthèse des réflexions personnelles sur le coaching

            Tout est dans le titre ! C’est quoi le coaching ? N’y ai-je pas répondu à travers les parties précédentes, particulièrement dans les 4 et 5, et quelque peu dans la partie 1 ? Ma, mes réponses, je les puiserai dans mes cahiers et mes écrits personnels que j’ai réalisés tout au long de la formation, au cours de prises de notes en face à face pédagogique, ou plus personnel, dans mes écrits quand, seul, le petit matin se fait jour, entre deux sessions ou deux journées.
            Mais je commencerai par la définition de mon support préféré le « Larousse 1915 » : RIEN. Il n’y a rien entre coaccusé et coacquéreur. Finalement, cela me convient, le coach n’est rien. Et il n’y a pas non plus coaching. Mais ce n’est pas une fin en soi, en 99 ans, le mot a pris sa place et son essor. Le coaching est présent dans notre quotidien. Les moteurs de recherche nous renvoient :
-       Pour Google en tapant coaching, c’est 161 000 000 de résultats,
-       Pour Bing c’est 34 200 000 résultats,
-       Pour Orange c’est 4 048 854 résultats
            Ma première réflexion est donc explosion. Il y a eu explosion…  Comme la population mondiale. En 1960, nous étions environ 3 milliards, aujourd’hui près de 7 milliards d’humains. Si le marché du coaching concerne 0.01 % de la population, il y a donc 700 000 personnes susceptibles de s’adresser à nous. Et combien de coachs formés ou en formation ? Je joue sur les chiffres, cela me correspond, jouer sur le support, interpréter et faire dire « tout et n’importe quoi ». La réflexion de base serait : comment trouver l’équilibre économique ? Et à suivre, pourquoi tant de gens veulent se former ? Ont-ils mesuré l’écart ? Pensent-ils être aptes ?
            C’est là que je fais un renversement : pourquoi je coache ? Pourquoi devient-on coach (Blanc-Sahnoun, 2010) ? En effet, la première et seule réflexion personnelle sur le coaching est pour moi celle-là, celle qui fonde mon besoin. Pourquoi je « coache » ? Ce n’est pas l’âge qui garantit l’écoute. Je crois que notre parcours de vie, notre personnalité, sont en premier lieu des éléments fondateurs.
            Je ne savais pas que je ne savais pas ou que je sais que je ne sais pas, il y a d’autres alternatives. Je ne sais pas que je sais pour je sais que je sais. Quel est mon état de conscience ? La vie, mon parcours de vie laisse paraitre une sensibilité, une « compétence » innée ou pas à entrer en relation. Je me suis construit sur une ligne pas toujours droite, mais sur une ligne de force.
            Doucement, et finalement très vite, je bascule dans le monde de la formation, de l’enseignement. Je prends plaisir à y jouer. Je flatte mon égo. Je marche à la reconnaissance. Je dis souvent que l’enseignant est un acteur, il a devant lui une salle, des spectateurs et une scène ; sur cette scène, il doit être présent. Faire vibrer, rencontrer, plaire… J’ai besoin de la rencontre, et le plaisir est multiplié quand l’apprenant vient à la rencontre, pour discuter, pour ouvrir. Dans ces moments, je ne compte pas, j’entre en relation. Par contre, quel était mon rôle ? Quelle était ma posture ? Etais-je écologique ?
            Les années ont passé, je bascule. J’ai déroulé, sur ma première partie de carrière professionnelle, la majorité du temps en face à face pédagogique. Indépendant, je trouvais de l’intérêt (personnel) à être multi-employeurs et donc très indépendant. La liberté de faire ou de ne pas faire, sans contrainte, était un moteur. De cette position pluriel, je suis passé à mono avec toujours, je le crois, le même enthousiasme. Depuis 14 ans, je partage le quotidien d’environ 500 jeunes : une vraie société, au sens sociétal. Je construis mon environnement professionnel, car la fonction que j’occupe était à créer, à modéliser.  Elle sera donc à mon image.
 « Je suis dans la fosse, dompteur de tous mes lions ! ».
            Finalement, 1988-2012 : 24 ans. Voilà 24 ans que je suis en liaison, en parallèle de l’accompagnement. La 25ème année, c’est décidé : je bascule. Je décide de partir en formation pour ajouter cette corde que je voulais à mon arc. Une corde d’écoute, une corde de professionnel dans l’accompagnement. Ne plus être conseil mais question. Coacher et après ? Si cette question existe, c'est qu'elle fait écho chez moi. Le coach est pour moi le vide, le rien. Influent, il vous permet de plonger, plonger pour avancer, avancer sur un territoire où vous permettez que quelqu'un vous accompagne : le coach. A vos côtés, un peu en arrière, il vous permet d'être.
            Le coaching a donc ouvert quelque chose de primordial : apprendre à se connaître, et éclairer ses zones d’ombre. J’ai commencé ce travail, et cette réflexion est essentielle. Peut-on accompagner et ne pas se connaître ? Je vous livre des éléments de mes réflexions personnelles sur celui que je suis :



Qui est-il ? Un structuré de la fragmentation…
D'où vient-il ?
Je suis cerveau en ébullition, créatif de rien et toujours une idée devant, avant l'autre...
Qu'il est parfois fatiguant de faire équipe avec lui, lui qui joue des mots. 
C'est quoi un structuré de la fragmentation.
Cela m'est venu en faisant une introspection. Quand j'ai voulu me définir, structuré et déstructuré sont arrivés très vite... suivi de fragmenté et défragmenté. J'ai alors joué sur et avec ces mots, pour ne retenir que "c'est un structuré de la fragmentation".
Tout éclate, tout s'envole...
Les souvenirs ne sont que quelques bribes de parcours. J'ai 14 écoles différentes entre la maternelle et le collège. Ce sont les fragments, fragments de vie, fragments de rencontres, fragments de liens. Que me reste-t-il de ces années d'enfance : plein de choses et pourtant, difficiles de les mettre bout à bout. Qui est Pierre ou Mathieu ? Qui est Catherine ou Sylvie ?
Des images furtives mais pas d'images.
Aujourd'hui, je stabilise, ma vie me stabilise. Je suis "sédentaire" en Aunis, attaché à mes racines rampantes. Ici ce n'est pas mon sol, c'est ma vie. Mais toujours des fragments : je travaille dans une école d'ingénieurs. Tous les ans, de nouveaux visages, encore furtifs ou temporaires. Je les vois grandir, se construire. Je les accompagne un temps. Je ne suis pas en attache avec eux, juste en liaison, pour 5 ans, pour 1 an... Des fragments, des souvenirs.
Alors pourquoi structuré ?
Je suis aussi très attaché aux règles, mes règles. Le cadre, mon cadre. Ma formation en gestion et finances n'est pas un hasard ? J'ai suivi des gens, fidèle en amitié. Un esprit cartésien qui n'aime pas le conformisme... Éduqué strictement, entendant le « j'ai raison, les autres ont tort », j'ai modelé, petit à petit mon profil... même de face. Structuré : assurément !

Il est donc logique, si ce n'est indissociable que je suis un structuré de la fragmentation.

……..

Une question m'occupe : suis-je vrai ?
Cette question je la ressasse
Et sans voir le temps qui passe
Miroir renvoie-t-il ce vrai ?
Nous nous fabriquons
Nous nous construisons
La vie nous percute
La vie nous recrute
Elle nous amplifie
Elle nous embellit
Des virages pris à tout âge
Le tournant est plus puissant
Des lignes droites pas trop étroites
Se regarder
Se relever
Alors suis-je vrai ?
Ou que la craie ?
Sur le tableau
Un petit mot
V... 


……..

L'envie de faire,
L'envie de vivre,
L'envie de voir,
L'envie de fuir,
L'envie de revenir,
Et enfin y mettre de soi,
Et enfin y mettre de l'autre,
Et enfin y mettre son âme,
Et enfin y mettre son corps,
Si le doute s'installe,
Si le doute percute,
Si le doute efface,
Si le doute dérive,
Alors combattre,
Alors servir,
Alors rugir,
Alors gagner.

……..

Tout cela est ma réflexion sur le coaching. Un ensemble de points d’interrogation, la découverte d’un métier, la découverte de liaisons. Doit-il exister, doit-il être ? Il me pousse, non il m'ouvre. Irai-je plus loin ?
Un pas, l'un après l'autre, sert à avancer, et sait-on la destination à chaque fois ?
Un pas, l'un après l'autre, sert à reculer, et que ne voit-on ?
Un pas, l'un après l'autre, je fais un pas.

Mémoire - développement de l'activité

6.   Synthèse sur le développement
de l’activité/pratique de coach

            Socrate marche et observe le monde. Il observe l’homme. Le coaching a donc plus de 2000 ans, prenant son empreinte dans la maïeutique (du grec maieutikê, signifiant: art de l’accouchement). Coaching, coach quand tu nous tiens, considérant que cela puisse en être !
Il est évident que l’activité de coaching se développe, et depuis moins de 5 ans à la vitesse d’un TGV®, sans que les infrastructures soient toutes en place : le métier de coach n’est pas réglementé. Maintenant, pour être un bon coach, suffit-il d’avoir une réglementation et de s’inscrire dans un parcours « formaté » ? Sur les métiers qui modèlent l’humain, la question reste posée. Toujours est-il qu’il est intéressant de porter un regard sur cette activité encore décriée, galvaudée, et parfois « mise au clou ». Mais l’engouement, l’emballement sont là, et l’évolution de nos sociétés me laisse croire qu’il n’y aura pas de retour en arrière. Je présenterai cette partie en deux points :
-       Le développement par l’offre,
-       Le développement par la demande.
Loin de moi l’idée de faire un cours de marketing, mais si nous regardons le coaching (et le coach) comme un produit, nous sommes en droit de croire qu’il y a un cycle de vie, un cycle très long qui aurait pris naissance avec l’humanité. Nous avons dépassé aujourd’hui le stade des études et des prototypes.

6.1 Le développement par l’offre
             Si je m’en réfère à la définition de l’encyclopédie du marketing (Lehu, 2012), il faut poser les choses de cette façon : «Démarche marketing qui consiste à utiliser les techniques marketing pour assurer et favoriser la commercialisation de biens et de services issus d'un processus de création et de développement qui n'a pas pris en compte les attentes et les besoins des consommateurs potentiels.» Dans les métiers où l’homme est central, non pas que comme consommateur, mais aussi matière première à travailler, cette approche peut « chatouiller l’éthique[1] ». Le développement de l’activité de coach aurait donc comme entrée la création du besoin auprès du chaland. Lui donner envie de consommer le coaching alors qu’il n’est pas en demande. Cela existe et le monde du luxe en est le meilleur exemple !
            Quand le coaching a débuté dans le monde du sport, quand le terme « coach » a été employé, il s’agissait d’accompagner, au-delà de la technique, les sportifs de haut niveau. En déportant le concept vers le monde de l’entreprise, a-t-on fait naître le besoin auprès des managers, des grands dirigeants ? Toujours est-il que le coaching a trouvé là une source de développement réel. « Comment ça, vous n’avez pas votre coach ? ». Entré dans l’entreprise, le coaching est allé à la recherche d’autres sujets, et les strates inférieures aux comités de direction sont devenues des cibles nouvelles. Le coaching devenait l’outil qui allait permettre aux responsables de service, à l’encadrement, d’améliorer leurs performances mais aussi d’améliorer leurs relations avec leurs équipes. De l’animation de réunion à la prise de poste mais aussi pour redonner l’envie… pour toujours faire mieux. Les coachs ont-ils joué cette approche produit ?
La nature humaine est capricieuse, et l’homme parfois versatile, plutôt opportuniste. Il y a un marché…
            Le développement par l’offre, peut aussi naître par un autre biais qui n’a peut-être pas été mesuré au départ et qui peut créer des dysfonctionnements : l’augmentation du nombre de coachs. Toujours avec un regard un peu critique, l’explosion des métiers de l’accompagnement a entrainé le « partage du gâteau », à savoir, la manne financière globale du secteur n’est pas extensible et la concurrence est de plus en plus nombreuse. Une des réponses a pu être le développement des écoles de coaching. Si mon activité de coach n’est plus rentable, ou suffisante pour vivre du métier, je recherche un secteur marchand nouveau pour continuer à travailler. La formation de nouveaux coachs devient une activité complémentaire au coaching, nous faisons naître un nouveau besoin, celui de se former, de former. Le toujours plus de coachs formés permet à ceux qui sont déjà installés de se créer une future clientèle. La supervision, le travail sur soi sont des « obligations » pour être un coach sain. Et qui coache le coach ? Qui fait le suivi thérapeutique du coach ? Développement par l’offre, nous créons notre propre besoin, nous fabriquons notre marché. Et comme nous pouvons entrevoir la suite du film, c’est par les courants de « pensées », les « outils » que le secteur cherche à se différencier pour capter le chaland : « venez chez nous, le truc est mieux que le bidule. Et mon tournevis tourne mieux que le leur ! ». Une conséquence tout de suite mesurable et identifiable : nous créons notre propre fin, le serpent qui se mord la queue.
            En se référant toujours au cycle de vie du produit « coach », serions-nous passés très vite, trop vite, de la phase lancement à la phase déclin ? Avons-nous joué aux apprentis-sorciers en négligeant la croissance et la maturité de notre activité ? Et si cela était le mauvais regard porté et que c’est la demande qui conduit notre développement ?
6.2 Le développement par la demande
            Sempiternelle question : la demande précède-t-elle l’offre ? En marketing, on oppose parfois les deux concepts mais cette distinction est contestable, car dans les deux cas, il faut toujours vérifier que l’offre sera acceptée par le marché. Mais le débat n’est pas ici de savoir si l’un ou l’autre type « qui de l’œuf ou de la poule », mais de regarder l’essor de l’activité. La demande émane donc du client : pourquoi, comment suis-je arrivé au coaching ? De la même façon, l’histoire de ce métier prend naissance, et cela est normal, aux sources de l’humanité. L’homme s’interroge sur son avenir, sur les possibilités qui lui sont offertes pour réussir dans un domaine ou un autre. Il n’y avait pas de plaque au fronton des maisons, mais les métiers de l’accompagnement étaient présents. J’aime croire que le « fou du roi » est un vrai coach. Donc la démarche marketing qui a fait le développement de l’activité est appuyée sur le simple constat de l’existence des besoins, et qu’il faut satisfaire la demande.
Le besoin naît d’un sentiment de manque qu’il faut combler (comme manger) et le désir est le moyen de satisfaire ce besoin. Alors sur quel besoin s’est posé l’activité de coaching ? Dans l’ouvrage « Le métier de coach » (Délivré, 2012), il est fait un fine analyse de cette situation par l’auteur. En s’appuyant dans un premier temps sur la pyramide de Maslow[2], François Délivré propose un développement de l’activité, par la demande, en 3 étapes, avec un postulat que le coaching ne concernerait que les individus du monde occidental (Délivré, 2012, p. 30). Cette limitation peut être discutée. Existe-t-il des « coachs » dans les sociétés primitives ? Si nous nous accordons sur le fait que le coaching naît avec l’humanité, alors oui le coach est présent dans ces sociétés. Mais contrairement à l’évolution des besoins des sociétés modernes, les cultures primitives sont toujours en recherche de la satisfaction des besoins matériels et de sécurité. Mais revenons à la proposition faite par F. Délivré.
En premier lieu, le développement des entreprises est lié à l’ère industrielle et l’approche dite scientifique du travail. De la fin du XIXème siècle jusqu’à la grande crise, c’est bien Ford et Taylor qui « conduisent » le modèle et de croire que seul satisfaire les premiers besoins (matériels et de sécurité) jusqu’à l’appartenance, est ce qui garantira la pérennité de la société. L’après-guerre montrera qu’il fallait aller plus loin, et que le besoin de reconnaissance et d’estime devenait prioritaire. La reconnaissance doit faire augmenter la motivation ; c’est l’époque dite des « relations humaines » (Mayo, 1933). Par contre, cette approche est un complément au taylorisme, une analyse en parallèle. Elton Mayo ne remet pas en cause l’organisation du travail, il complète la satisfaction des besoins supérieurs. Arrive donc la 3ème étape, celle du besoin d’accomplissement, celui où le salarié cherche à réussir sa vie professionnelle, autant que de réussir sa vie privée. Le coaching trouve son terreau et les entreprises vont donc faire appel à ces professionnels pour répondre à cette demande « profonde ».
Sommes-nous des êtres paradoxaux ? Le coaching répond à une satisfaction très individuelle, très personnelle et l’homme est un être grégaire dont la vie en groupe est recherchée. Le coaching est bien ici chez lui. En satisfaisant le besoin d’accomplissement, le coaché va rechercher le « mieux être » global, donc son insertion dans la société humaine et dans la société entrepreneuriale. Le coach sera celui qui accompagnera sur ces chemins ; pour les faire se rejoindre ?
L’activité de coach, et sa pratique, sont donc aujourd’hui ancrées dans notre environnement. Et cette activité continue à croitre dans tous les domaines. Les médias ont pris le « train en marche » y trouvant un réseau ferré très juteux, chacun y allant de son coaching de vie (life coaching) et d’émissions télévisuelles dont seul compte l’audimat.
Je vous livre ce petit écrit pour simple regard que je porte sur ce métier :
Tout est écrit ou presque sur le coaching.
Toutes les bêtises circulent aussi :
 "Je suis coach habillement et je vais vous trouver votre style..."
 "Votre maison n'est pas belle, heureusement le coach est là !"

Nous pouvons passer outre mais cela impacte les coachs, celles et ceux qui font leur job ! Alors c'est quoi la différence ? Je ne retiens qu'un simple élément : le coach n'a pas la réponse. Il est le vide, le rien, le néant, là où va plonger celui qui cherche une réponse, sa réponse.
Ces femmes et ces hommes qui pratiquent le coaching sont, pour moi, influents mais ils ne sont pas l'autre. L'empathie déployée, cette prise sur les émotions et la rencontre vont permettent l'émergence... A son rythme le coaché avancera sur son territoire, il y a permis l'entrée de l'autre. Alors faut-il trouver un autre terme ou accepter ce mélange des genres que diffusent les médias ?
Aujourd'hui, c'est quoi un boulanger ? 
Pétri de bonnes intentions, est-il celui qui alimente le pétrin ? Voit-il la farine et l'eau faire fusion où dépose-t-il seulement ce pâton roulé dans un four et fait croire ? A la sortie, le produit semble le même mais quelqu'un sait qu'il existe une différence.

Je serai "boulanger" conscient que d'autres ne le sont pas.




[1] Utilisée par Richard Berry dans le film « Le Coach » lors de l’entretien préalable avec le commanditaire pour engager un coaching prescrit, film d’Olivier Doran,  2009
[2] Abraham Maslow est un psychologue américain, considéré comme le père de l'approche humaniste, surtout connu pour son explication de la motivation par la hiérarchie des besoins, qui est souvent représentée par une pyramide des besoins (source Wikipédia).

Mémoire - Ethique et déontologie

4.   Réflexion sur l’éthique et la déontologie
de la pratique du coaching en entreprise/organisation

            Ethique et déontologie, deux mots qui ont eu une place bien particulière au sein de la formation, et qui ont fait engager biens des discussions, des débats. Tous les intervenants-coachs ont abordé le sujet, ce qui en a amplifié l’importance. Nous avons donc lu, assimilé, compilé des codes d’associations professionnelles. Et nous avons écrit sur le sujet, devant par ailleurs produire notre propre code de déontologie (annexe n° 6).
            Mais c’est quoi l’éthique ? En 1915, Larousse la définit comme « science de la morale » et fait référence à Spinoza. Aujourd’hui, se rajoute « l’ensemble des principes moraux qui sont à la base de la conduite de quelqu’un ». On voit bien que l’éthique qui était vue de façon très globale au début du XXème siècle, est recentrée sur l’individu. Elle reste cependant la conscience que l’on a de ce qui est bien. L’éthique procède donc d’un questionnement personnel qui éveille chez le coach la question : « qu’est que ce problème posé me pose comme problème ? » (Lasseaux, 2008).
            Cela nous envoie sur la déontologie qui se définit comme « la science des devoirs à remplir » (Larousse 1915) et depuis reprise et assimilée à tous les niveaux. En effet, la déontologie se décline en multiples codes qui régissent les règles et devoirs d’une profession, avocat, psychanalyste, notaire, infirmière, expert-comptable… et bien sûr coach. L’éthique ne suffisant pas, il nous faut partager la même doxa. Le code s’en tient au métier, professionnalisme du coach.
            Comment la pratique du coaching en entreprise (et pas que) garantit la tenue de la déontologie ? Le premier rempart est la diffusion du code auquel j’adhère vers le prescripteur et le coaché. En prendre connaissance ensemble, ou juste s’assurer qu’il a été réceptionné, et qu’il est bien dans la boucle relationnelle. Associé au contrat, le code confirme, affirme le cadre. Pratiquer le coaching c’est assurer à l’autre que nous avons réfléchi à la relation qui va naître :
-       Confidentialité : toujours écrite, toujours respectée. C’est la pierre angulaire !
-       Supervision et travail sur soi : le coach est toujours en réflexion
-      
Je ne vais pas reprendre chaque point de mon code, qui sera aussi enrichi au fil des années par la pratique que j’accumulerai, mais c’est bien un véritable outil dans la boîte à outils, surtout quand on sait que la boîte à outils du coach c’est le coach lui-même (Moral et Angel, 2006, p. 77). Maintenant, je dois aussi regarder dans ma pratique les pièges tendus, les situations qui feraient tomber la barrière, les facilités qui donneraient l’impression d’être « bon » alors même que l’écologie du coaché, et du coach, ne serait pas garantie. La déontologie sert à réguler le jeu des pouvoirs (Délivré, 2012).



Et le jeu des pouvoirs se situe aux trois niveaux :
-       Le coach parce qu’il « sait »,
-       Le coaché parce qu’il « fait »
-       Le prescripteur, parce qu’il « paie » 
D’aucun n’échappe à la mesure, à la contre-mesure. Avons-nous bien coaché aujourd’hui ? Mon salarié a bien progressé, comment voyez-vous la suite et sur quoi devons-nous nous concentrer pour encore améliorer ses performances ? Je n’ai pas fait cet exercice, cela ne sert à rien, je maîtrise mes équipes. Nous avons tous nos biais cognitifs. Les choses sont en distorsion, les gens sont soumis à des contraintes. Sans compter les biais du lieu, du temps, de l’argent, jusqu’à l’organisation.
A cet endroit, il me paraissait intéressant de vous faire partager, sur le thème de cette partie, un écrit de notre réflexion que nous avons réalisé au cours de la formation en groupe de pairs (Fabrice Aimetti, Gilles Brun, Frédérique Dutournie-Lamothe, Serge Picaut), la 1ère des cinq colonnes de notre « temple des bonnes pratiques » :
« 2.1 Le cadre déontologique et la posture
La quête aléatoire qui se joue autour de lorganisation de la réflexivité, des capacités de questionner, voire de la remise en cause des schémas daction de lorganisation emportée par une inertie cognitive (Tannery, 2009) se doit dobéir à des règles opérationnelles dexercice de la profession de coach. Le cadre déontologique régit lactivité de coaching en énonçant un ensemble de droits et devoirs en vue du respect d'une éthique. « Si la déontologie revêt un caractère pragmatique indéniable car elle énonce des repères à la fois juridiques et éthiques, elle ne se cantonne pas à un décalogue de bonnes conduites ; elle permet au coach dappartenir à un corps professionnel, de sinterroger sur les évolutions du métier, den débattre entre pairs » (Barreau, 2011, p. 75).
La déontologie est certes un beau document à même de rassurer le client mais plus encore que cela, cest un guide que chaque professionnel devrait relire avant chaque intervention (Delivré, 2012).
Létude de la demande globale de coaching offre au coaché à travers des efforts de réflexivité la possibilité denvisager les modifications nécessaires aux changements de sa situation. « Cette déconstruction est rendue possible par lassurance du respect inconditionnel de la déontologie de la part du coach » (Barreau, 2011, p. 74). »


La déontologie se pose. Nous cadrons le coaching, nous alimentons nos savoirs, nous améliorons nos pratiques, nous contractualisons les relations, nous nous professionnalisons. L’explosion du marché du coaching, la cohorte de tous ceux qui arrivent, le développement de l’activité…
« Si vous venez me voir, c’est pour vous passer de moi. »