Parti de rien, Serge glisse sur le clavier.
Les mots sont une puissance de l'esprit.

dimanche 13 octobre 2013

Mémoire - développement de l'activité

6.   Synthèse sur le développement
de l’activité/pratique de coach

            Socrate marche et observe le monde. Il observe l’homme. Le coaching a donc plus de 2000 ans, prenant son empreinte dans la maïeutique (du grec maieutikê, signifiant: art de l’accouchement). Coaching, coach quand tu nous tiens, considérant que cela puisse en être !
Il est évident que l’activité de coaching se développe, et depuis moins de 5 ans à la vitesse d’un TGV®, sans que les infrastructures soient toutes en place : le métier de coach n’est pas réglementé. Maintenant, pour être un bon coach, suffit-il d’avoir une réglementation et de s’inscrire dans un parcours « formaté » ? Sur les métiers qui modèlent l’humain, la question reste posée. Toujours est-il qu’il est intéressant de porter un regard sur cette activité encore décriée, galvaudée, et parfois « mise au clou ». Mais l’engouement, l’emballement sont là, et l’évolution de nos sociétés me laisse croire qu’il n’y aura pas de retour en arrière. Je présenterai cette partie en deux points :
-       Le développement par l’offre,
-       Le développement par la demande.
Loin de moi l’idée de faire un cours de marketing, mais si nous regardons le coaching (et le coach) comme un produit, nous sommes en droit de croire qu’il y a un cycle de vie, un cycle très long qui aurait pris naissance avec l’humanité. Nous avons dépassé aujourd’hui le stade des études et des prototypes.

6.1 Le développement par l’offre
             Si je m’en réfère à la définition de l’encyclopédie du marketing (Lehu, 2012), il faut poser les choses de cette façon : «Démarche marketing qui consiste à utiliser les techniques marketing pour assurer et favoriser la commercialisation de biens et de services issus d'un processus de création et de développement qui n'a pas pris en compte les attentes et les besoins des consommateurs potentiels.» Dans les métiers où l’homme est central, non pas que comme consommateur, mais aussi matière première à travailler, cette approche peut « chatouiller l’éthique[1] ». Le développement de l’activité de coach aurait donc comme entrée la création du besoin auprès du chaland. Lui donner envie de consommer le coaching alors qu’il n’est pas en demande. Cela existe et le monde du luxe en est le meilleur exemple !
            Quand le coaching a débuté dans le monde du sport, quand le terme « coach » a été employé, il s’agissait d’accompagner, au-delà de la technique, les sportifs de haut niveau. En déportant le concept vers le monde de l’entreprise, a-t-on fait naître le besoin auprès des managers, des grands dirigeants ? Toujours est-il que le coaching a trouvé là une source de développement réel. « Comment ça, vous n’avez pas votre coach ? ». Entré dans l’entreprise, le coaching est allé à la recherche d’autres sujets, et les strates inférieures aux comités de direction sont devenues des cibles nouvelles. Le coaching devenait l’outil qui allait permettre aux responsables de service, à l’encadrement, d’améliorer leurs performances mais aussi d’améliorer leurs relations avec leurs équipes. De l’animation de réunion à la prise de poste mais aussi pour redonner l’envie… pour toujours faire mieux. Les coachs ont-ils joué cette approche produit ?
La nature humaine est capricieuse, et l’homme parfois versatile, plutôt opportuniste. Il y a un marché…
            Le développement par l’offre, peut aussi naître par un autre biais qui n’a peut-être pas été mesuré au départ et qui peut créer des dysfonctionnements : l’augmentation du nombre de coachs. Toujours avec un regard un peu critique, l’explosion des métiers de l’accompagnement a entrainé le « partage du gâteau », à savoir, la manne financière globale du secteur n’est pas extensible et la concurrence est de plus en plus nombreuse. Une des réponses a pu être le développement des écoles de coaching. Si mon activité de coach n’est plus rentable, ou suffisante pour vivre du métier, je recherche un secteur marchand nouveau pour continuer à travailler. La formation de nouveaux coachs devient une activité complémentaire au coaching, nous faisons naître un nouveau besoin, celui de se former, de former. Le toujours plus de coachs formés permet à ceux qui sont déjà installés de se créer une future clientèle. La supervision, le travail sur soi sont des « obligations » pour être un coach sain. Et qui coache le coach ? Qui fait le suivi thérapeutique du coach ? Développement par l’offre, nous créons notre propre besoin, nous fabriquons notre marché. Et comme nous pouvons entrevoir la suite du film, c’est par les courants de « pensées », les « outils » que le secteur cherche à se différencier pour capter le chaland : « venez chez nous, le truc est mieux que le bidule. Et mon tournevis tourne mieux que le leur ! ». Une conséquence tout de suite mesurable et identifiable : nous créons notre propre fin, le serpent qui se mord la queue.
            En se référant toujours au cycle de vie du produit « coach », serions-nous passés très vite, trop vite, de la phase lancement à la phase déclin ? Avons-nous joué aux apprentis-sorciers en négligeant la croissance et la maturité de notre activité ? Et si cela était le mauvais regard porté et que c’est la demande qui conduit notre développement ?
6.2 Le développement par la demande
            Sempiternelle question : la demande précède-t-elle l’offre ? En marketing, on oppose parfois les deux concepts mais cette distinction est contestable, car dans les deux cas, il faut toujours vérifier que l’offre sera acceptée par le marché. Mais le débat n’est pas ici de savoir si l’un ou l’autre type « qui de l’œuf ou de la poule », mais de regarder l’essor de l’activité. La demande émane donc du client : pourquoi, comment suis-je arrivé au coaching ? De la même façon, l’histoire de ce métier prend naissance, et cela est normal, aux sources de l’humanité. L’homme s’interroge sur son avenir, sur les possibilités qui lui sont offertes pour réussir dans un domaine ou un autre. Il n’y avait pas de plaque au fronton des maisons, mais les métiers de l’accompagnement étaient présents. J’aime croire que le « fou du roi » est un vrai coach. Donc la démarche marketing qui a fait le développement de l’activité est appuyée sur le simple constat de l’existence des besoins, et qu’il faut satisfaire la demande.
Le besoin naît d’un sentiment de manque qu’il faut combler (comme manger) et le désir est le moyen de satisfaire ce besoin. Alors sur quel besoin s’est posé l’activité de coaching ? Dans l’ouvrage « Le métier de coach » (Délivré, 2012), il est fait un fine analyse de cette situation par l’auteur. En s’appuyant dans un premier temps sur la pyramide de Maslow[2], François Délivré propose un développement de l’activité, par la demande, en 3 étapes, avec un postulat que le coaching ne concernerait que les individus du monde occidental (Délivré, 2012, p. 30). Cette limitation peut être discutée. Existe-t-il des « coachs » dans les sociétés primitives ? Si nous nous accordons sur le fait que le coaching naît avec l’humanité, alors oui le coach est présent dans ces sociétés. Mais contrairement à l’évolution des besoins des sociétés modernes, les cultures primitives sont toujours en recherche de la satisfaction des besoins matériels et de sécurité. Mais revenons à la proposition faite par F. Délivré.
En premier lieu, le développement des entreprises est lié à l’ère industrielle et l’approche dite scientifique du travail. De la fin du XIXème siècle jusqu’à la grande crise, c’est bien Ford et Taylor qui « conduisent » le modèle et de croire que seul satisfaire les premiers besoins (matériels et de sécurité) jusqu’à l’appartenance, est ce qui garantira la pérennité de la société. L’après-guerre montrera qu’il fallait aller plus loin, et que le besoin de reconnaissance et d’estime devenait prioritaire. La reconnaissance doit faire augmenter la motivation ; c’est l’époque dite des « relations humaines » (Mayo, 1933). Par contre, cette approche est un complément au taylorisme, une analyse en parallèle. Elton Mayo ne remet pas en cause l’organisation du travail, il complète la satisfaction des besoins supérieurs. Arrive donc la 3ème étape, celle du besoin d’accomplissement, celui où le salarié cherche à réussir sa vie professionnelle, autant que de réussir sa vie privée. Le coaching trouve son terreau et les entreprises vont donc faire appel à ces professionnels pour répondre à cette demande « profonde ».
Sommes-nous des êtres paradoxaux ? Le coaching répond à une satisfaction très individuelle, très personnelle et l’homme est un être grégaire dont la vie en groupe est recherchée. Le coaching est bien ici chez lui. En satisfaisant le besoin d’accomplissement, le coaché va rechercher le « mieux être » global, donc son insertion dans la société humaine et dans la société entrepreneuriale. Le coach sera celui qui accompagnera sur ces chemins ; pour les faire se rejoindre ?
L’activité de coach, et sa pratique, sont donc aujourd’hui ancrées dans notre environnement. Et cette activité continue à croitre dans tous les domaines. Les médias ont pris le « train en marche » y trouvant un réseau ferré très juteux, chacun y allant de son coaching de vie (life coaching) et d’émissions télévisuelles dont seul compte l’audimat.
Je vous livre ce petit écrit pour simple regard que je porte sur ce métier :
Tout est écrit ou presque sur le coaching.
Toutes les bêtises circulent aussi :
 "Je suis coach habillement et je vais vous trouver votre style..."
 "Votre maison n'est pas belle, heureusement le coach est là !"

Nous pouvons passer outre mais cela impacte les coachs, celles et ceux qui font leur job ! Alors c'est quoi la différence ? Je ne retiens qu'un simple élément : le coach n'a pas la réponse. Il est le vide, le rien, le néant, là où va plonger celui qui cherche une réponse, sa réponse.
Ces femmes et ces hommes qui pratiquent le coaching sont, pour moi, influents mais ils ne sont pas l'autre. L'empathie déployée, cette prise sur les émotions et la rencontre vont permettent l'émergence... A son rythme le coaché avancera sur son territoire, il y a permis l'entrée de l'autre. Alors faut-il trouver un autre terme ou accepter ce mélange des genres que diffusent les médias ?
Aujourd'hui, c'est quoi un boulanger ? 
Pétri de bonnes intentions, est-il celui qui alimente le pétrin ? Voit-il la farine et l'eau faire fusion où dépose-t-il seulement ce pâton roulé dans un four et fait croire ? A la sortie, le produit semble le même mais quelqu'un sait qu'il existe une différence.

Je serai "boulanger" conscient que d'autres ne le sont pas.




[1] Utilisée par Richard Berry dans le film « Le Coach » lors de l’entretien préalable avec le commanditaire pour engager un coaching prescrit, film d’Olivier Doran,  2009
[2] Abraham Maslow est un psychologue américain, considéré comme le père de l'approche humaniste, surtout connu pour son explication de la motivation par la hiérarchie des besoins, qui est souvent représentée par une pyramide des besoins (source Wikipédia).

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