2.
Synthèse
sur les acquis de la formation
et conséquence dans la vie
professionnelle
Je bascule, je pars en formation
pour aller chercher les compétences, les aptitudes de ce métier. C’est
l’ambition que je porte, ici et maintenant, qui me conduit sur l’autoroute A10
en direction du 35 de l’avenue Abadie, comme « tourner la page ».
Et le titre de ce chapitre joue la
partition « Assimile ! ».
Qu’avons-nous
retenu de cette période qui nous a fait escalader les 4 étages, pas de l’IAE,
mais les étages de notre fusée intérieure. Nous enregistrons, nous trions, nous
sélectionnons et nous pouvons, nous pouvons retenir que rien n’est acquis, que
tout se reconstruit à chaque rencontre, chaque intervenant… L’installation, non
pas du doute, mais de l’humilité de ce métier qui se construit dans un
territoire de mouvements, de sables mouvants, où la réalité est bien multiple.
Formation, acquis, conséquence ;
derrière ces simples mots se cache un acte engageant. Je me suis amusé à
reprendre les définitions dans un de mes ouvrages préférés, le Petit Larousse
Illustré. J’ai dans ma bibliothèque une édition 1915, et celle en ligne pour
ici et maintenant.
Acquis :
- savoir,
expérience (1915)
- savoir
obtenu par l’étude ou l’expérience - qui n’existe pas à la naissance (2013)
Formation :
- action
de former, de se former (1915)
- action
de donner à quelqu’un les connaissances nécessaires à l’exercice d’une activité
(2013)
Conséquence :
- conclusion
tirée d’un raisonnement, d’un fait. Suite qu’une chose a, ou peut avoir (1915)
- ce
qui est produit nécessairement par quelque chose, qui en est une suite logique
(2013)
Que s’est-il passé en presque un
siècle ?
Un ajout complémentaire, la formation
s’est vue adjoindre un « extérieur », les acquis s’associent à
l’étude et la conséquence passe de raison à logique. Je suis donc parti en
formation en octobre 2012 après sélection durant l’été et entretien en
septembre.
Que s’est-il passé en presque un
an ?
Juste 17 allers-retours sur Bordeaux
soit environ 40 jours pour traiter, pour tenter la « transformance » (Buratti, 2009). Des contrôles sur tables
biens ou pas biens, entre chaque rendez-vous un travail sur soi, quelques pages
noircies, des arrêts d’inspiration… mais toujours le plaisir d’y être, de se
sentir chez moi dans ce monde de l’autre. Se connaître pour le connaître.
Comment est donc articulée la
formation du DU de coaching de l’IAE de Bordeaux ?
Avec le recul, maintenant que la route
n’est plus qu’un souvenir, je retiens :
-
pluralité,
-
entropie,
-
écoute,
-
curiosité,
-
apprentissage
(commun),
-
étonnement.
En se référant au syllabus, et de
façon synthétique les axes ont été :
-
le
coaching, un acte contractualisé et cadré,
-
le
coaching, l’émergence d’un modèle,
-
le
coaching, du bocal à l’océan.
Pour appréhender tous ces axes et
ouvrir nos « écoutilles », le leitmotiv était : « le
coaching est pluriel, vous aurez, non pas un catalogue, mais une multitude de
rencontres, d’approches et de personnalités ». 18, ils étaient dix-huit à
nous éclairer ou nous noyer.
Faites le 18 !
De temps en temps le
« pin-pon » était retentissant mais les secours toujours
professionnels.
2.1 Le coaching, un acte contractualisé et cadré
Derrière
ce titre, je pose l’ensemble des cours qui faisait état de la construction du
coaching sur le respect de procédures et processus. Le responsable de la
formation, Stéphane Seiracq, a fait valider le logigramme présenté en fin de
rapport (annexe n°3), adopté par la plupart des intervenants chacun avec sa
vision, mais toujours dans l’axe, modèle qui sera le guide-support de notre
apprentissage. Imprimé par chacun, déposé dans un coin, affiché au mur… il
s’ancre en nous, colle à nos rétines.
Il découpe l’action de coaching sur
les clefs fondamentales :
-
identification
de la demande / analyse
-
exploration
du contexte,
-
intention
/ contrat
-
conduite
du changement
-
consolidation
-
distanciation.
Associés
à l’acte, nous y trouvons deux acteurs : le coaché et le coach. Tous les
deux vont se livrer, de manière différente, mais se livrer. Le coaché en
exposant sa demande, en acceptant d’apporter son problème, en identifiant son
objectif, va se mettre à nu, permettre à l’autre d’entrer dans son monde et d’y
découvrir un territoire sur lequel ils vont devoir cheminer. Le coach pour sa
part devra devenir un « vide », ce « rien » qui sera l’écho
du coaché. Mais dans le processus de coaching (annexe n°2), nous sommes bien en
confrontation de deux cadres distincts : l’identité de l’un, l’identité de
l’autre. Le coach doit mesurer et maitriser cette opposition pour ne pas venir
imposer sa vision, agir en toute neutralité, forcément influent et conscient
des limites de chacun.
L’alliance, rien ne se fera sans
l’alliance !
Toute
la relation d’aide du coaching passe par le contrat. Ce terme, interprété,
interprétable a très souvent fait débat au sein de la formation. C’est quoi le
contrat ? Un bout de papier, réglant les relations commerciales entre les
deux parties ou autre chose ? J’ai souvent déconstruit cet élément au
cours des séances, focalisé sur la définition juridique du contrat, embué par
ma formation de base : le contrat définit la transaction sur le plan
commercial et réglementaire, et fait état des engagements des parties sur la
relation engagée. Je n’avais pas vu que le contrat était aussi celui moral
entre les deux parties, le contrat est la validation de l’instant
présent : qu’attendez-vous de moi ? Que voulez-vous traiter ici et
maintenant ? Le contrat de séance…
Jean-Christophe Buzzi nous a rappelé
que le contrat c’est, derrière le règlementaire :
-
Qu’est-ce
que je lui promets ?
-
Conduire
d’une façon juste là où il veut aller
-
Dans
la relation bilatérale, sur quoi je m’engage ?
-
Quel
est le contenant ?
-
Il
ne faut pas vouloir faire nous (à la place de l’autre)
-
C’est
une coresponsabilité.
Mon intention dans cette partie n’est
pas de développer tous les points abordés au cours des diverses séances de
formation mais de faire écho de mon ressenti et de ce qui m’apparait comme
devenu incontournable : processus et contrat.
Pourquoi je le fais, pour quoi je le
fais et comment je le fais ?
Nous pouvons rajouter la relation
d’aide, le diagnostic (ou pas), la présence, la posture, l’écoute, les fondements
du métier, de ce que nous sommes venus chercher, ce que je suis venu enraciner.
2.2 Le coaching, l’émergence d’un modèle
Le
coaching a pris naissance dans les années 50 aux Etats-Unis, en se développant
dans un premier temps sous les projecteurs d’Hollywood et du théâtre
New-Yorkais pour ensuite trouver place dans le monde du sport. John Withmore
présenta en 1992 son ouvrage sur le coaching en extrapolant les méthodes du
milieu du sport de haut niveau vers celui de l’entreprise pour la « haute
performance », ouvrage qui trouve sa source dans le livre de Timothy
Gallwey, The Inner Game of Work.
Au cours de la formation de l’IAE de Bordeaux,
tous les intervenants nous ont énuméré leur courant, modèle, école, nous
engageant à faire notre marché dans la littérature abondante sur le sujet, des
auteurs récurrents tels Vincent Lenhardt, François Délivré, Olivier Devillard
ou Philippe Bigot. Plusieurs ouvrages en kiosque qui traitent du coaching, de
son histoire, de ces méthodes d’approches et des processus à tenir.
Chacun
adhérant à un courant de pensée comme la systémique (Wiener), le
constructivisme (Bateson), ou l’analytique (Brunner). S’attachant à vouloir se
positionner (ou pas), l’indépendance de chacun des intervenants était réelle.
Tous, ou pour une très grande partie, nous invitaient à découvrir tous les
horizons de la construction humaine et de la pensée. Comment se
fabrique-t-on ? Quelle est la réalité, notre réalité ? L’inspiration
psychologique est forte, je le note comme tel. J’ai fait l’acquisition d’un
ouvrage (Ghiglione et Richard, 1999) pour tenter de faire mes gammes, tout du
moins d’éclairer une lanterne bien terne dans cet environnement, et le travail
sera encore long pour décrypter un peu plus les marqueurs de cette science.
L’ouvrage en question m’a été conseillé par Virginie Coste, jeune psychologue
clinicienne, diplômée de l’Université de Nanterre.
André Puppion a aidé par sa journée
d’intervention à mettre des noms, à faire des connexions. Animant en début de
parcours mais pas assez en amont, il a permis aussi d’ouvrir rapidement sur la
vaste étendue de mon ignorance quand déjà nous avions été brassés[1] par Pierre Blanc-Sahnoun,
Christophe Belud ou Jean-Pierre Korczak. A tout cela s’attachent aussi les
théories des organisations, la sociologie ou les théories de la communication.
Chaque jour apportant une pierre de plus à la construction de cet édifice du DU
de coaching de l’IAE. Mais les pierres sont un élément qui demande un liant
pour que l’œuvre soit solide : le formé.
2.3 Le coaching, du bocal à l’océan
Confucius a dit :
« Quand un homme a faim, mieux
vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson ».
Combien de fois entendu ? Les murs de l’IAE doivent s’en faire encore
l’écho. Ce paragraphe traite des mises en situation, de la professionnalisation
de la formation. Nous avons souvent joué aux apprentis, tantôt coach,
tantôt coaché, pour mettre en application les enseignements reçus. « Vingt fois sur le métier remettez
votre ouvrage, Polissez-le sans cesse et le repolissez, Ajoutez quelques fois et souvent
effacez… » (Nicolas Boileau, de l’Art Poétique - 1674)
Du
bocal à l’océan ! Et derrière, ou devant mais toujours en conscience,
tenir la posture. Alors c’est quoi la posture ? Mon Larousse préféré
nous donne : « position du corps ou d’une de ces parties dans
l’espace ». Est-ce suffisant pour être en position ? Juste assis,
debout, sur le côté, en face, dos à dos… Ma position, mon corps. Comment la
posture s’est-elle invitée dans le coaching si elle ne fait que donner une
position dans l’espace ? Finalement, c’est bien plus que cela. Lors des
séquences de professionnalisation, au cours de la formation, nous avons pu
observer, vivre et disséquer la posture. Il ne suffisait pas d’être assis à
côté, ou debout avançant dans le même couloir. La posture est une philosophie,
le coaching ne prenant naissance que si le coach et le coaché avaient fait
l’alliance. Seul le coaché possède les ressources, les moyens d’atteindre
l’objectif qu’il s’est fixé. Le coach permet d’ouvrir cet espace, et le coaché
de savoir qu’il peut avancer en toute confiance et dans le respect des
engagements pris. La posture, c’est aussi la présence, être vigilant sur l’état
du moment. La posture c’est la compétence attendue constituée de talents et de
qualités : l’écoute, le respect, l’acceptation, la neutralité… Mais je
garde celle que je juge primordiale : « je ne sais pas ».
Stéphane Crabié, philosophe et coach, a donné lors de son intervention sur la
posture cette phrase que j’essaie encore de faire vivre : « Abandon
de donner un sens à toute chose ».
Alors du bocal à l’océan, il y a bien
des ruisseaux et des rivières à descendre avant que d’atteindre l’embouchure et
de se déverser dans l’océan, une goutte d’eau, un infiniment petit dans ce
nouvel espace. Socrate est bavard, il sait tout sur tout… L’ironie : il
n’est pas coach.
La
formation suivie durant cette année a donc joué son rôle. Elle a apporté des
questions, et encore des questions. Et quand des réponses se faisaient jour, il
y avait derrière d’autres questions. Est-elle entrée chez moi, et a-t-elle
modifié ma vie professionnelle ? Je ne sais pas comment répondre à ces
« petites questions » mais oui, assurément oui. Ce parcours de
formation, cette tranche de vie a bousculé l’homme que je suis. J’ai très vite
remarqué le changement qui s’opérait auprès des jeunes qui venaient
précédemment chercher conseil dans mon bureau et qui aujourd’hui, comme moi,
repartent avec des questions. « Je ne sais pas » est devenu central.
Suis-je prêt ? En conscience, je le pense… Larousse 1915, la posture c’est
le maintien. Et si étymologiquement posture vient de positura qui donne la position,
maintenir c’est bien « main et tenir ». Est-ce
« coachique » que de tenir la main de l’autre pour le faire
avancer ? L’apprentissage du métier de coach est loin d’être achevé, Nous
avons ouvert un bocal, alimenté un aquarium pour qu’au terme de la formation
nous puissions plonger dans cet océan de l’accompagnement.
[1]
Brassé : l’origine de ce mot est discutée, le sens donné ici est encore
utilisé dans les régions et ne figure pas dans le dictionnaire. Mais
étymologiquement, il viendrait de braciare
dérivé de braces et non de bras - http://id.erudit.org/iderudit/1798ac
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire