4.
Réflexion
sur l’éthique et la déontologie
de la pratique du coaching
en entreprise/organisation
Ethique et déontologie, deux mots
qui ont eu une place bien particulière au sein de la formation, et qui ont fait
engager biens des discussions, des débats. Tous les intervenants-coachs ont
abordé le sujet, ce qui en a amplifié l’importance. Nous avons donc lu,
assimilé, compilé des codes d’associations professionnelles. Et nous avons
écrit sur le sujet, devant par ailleurs produire notre propre code de
déontologie (annexe n° 6).
Mais c’est quoi l’éthique ? En
1915, Larousse la définit comme « science de la morale » et fait
référence à Spinoza. Aujourd’hui, se rajoute « l’ensemble des principes
moraux qui sont à la base de la conduite de quelqu’un ». On voit bien que
l’éthique qui était vue de façon très globale au début du XXème
siècle, est recentrée sur l’individu. Elle reste cependant la conscience que
l’on a de ce qui est bien. L’éthique procède donc d’un questionnement personnel
qui éveille chez le coach la question : « qu’est que ce problème posé me pose comme problème ? »
(Lasseaux, 2008).
Cela nous envoie sur la déontologie
qui se définit comme « la science des devoirs à remplir » (Larousse
1915) et depuis reprise et assimilée à tous les niveaux. En effet, la
déontologie se décline en multiples codes qui régissent les règles et devoirs
d’une profession, avocat, psychanalyste, notaire, infirmière, expert-comptable…
et bien sûr coach. L’éthique ne suffisant pas, il nous faut partager la même
doxa. Le code s’en tient au métier, professionnalisme du coach.
Comment la pratique du coaching en
entreprise (et pas que) garantit la tenue de la déontologie ? Le premier
rempart est la diffusion du code auquel j’adhère vers le prescripteur et le
coaché. En prendre connaissance ensemble, ou juste s’assurer qu’il a été
réceptionné, et qu’il est bien dans la boucle relationnelle. Associé au
contrat, le code confirme, affirme le cadre. Pratiquer le coaching c’est
assurer à l’autre que nous avons réfléchi à la relation qui va naître :
- Confidentialité : toujours
écrite, toujours respectée. C’est la pierre angulaire !
- Supervision et travail sur soi :
le coach est toujours en réflexion
- …
Je
ne vais pas reprendre chaque point de mon code, qui sera aussi enrichi au fil
des années par la pratique que j’accumulerai, mais c’est bien un véritable
outil dans la boîte à outils, surtout quand on sait que la boîte à outils du
coach c’est le coach lui-même (Moral et Angel, 2006, p. 77). Maintenant, je
dois aussi regarder dans ma pratique les pièges tendus, les situations qui
feraient tomber la barrière, les facilités qui donneraient l’impression d’être
« bon » alors même que l’écologie du coaché, et du coach, ne serait
pas garantie. La déontologie sert à réguler le jeu des pouvoirs (Délivré,
2012).
Et
le jeu des pouvoirs se situe aux trois niveaux :
- Le coach parce qu’il
« sait »,
- Le coaché parce qu’il
« fait »
- Le prescripteur, parce qu’il
« paie »
D’aucun
n’échappe à la mesure, à la contre-mesure. Avons-nous bien coaché
aujourd’hui ? Mon salarié a bien progressé, comment voyez-vous la suite et
sur quoi devons-nous nous concentrer pour encore améliorer ses
performances ? Je n’ai pas fait cet exercice, cela ne sert à rien, je
maîtrise mes équipes. Nous avons tous nos biais cognitifs. Les choses sont en
distorsion, les gens sont soumis à des contraintes. Sans compter les biais du
lieu, du temps, de l’argent, jusqu’à l’organisation.
A
cet endroit, il me paraissait intéressant de vous faire partager, sur le thème
de cette partie, un écrit de notre réflexion que nous avons réalisé au cours de
la formation en groupe de pairs (Fabrice Aimetti, Gilles Brun, Frédérique
Dutournie-Lamothe, Serge Picaut), la 1ère des cinq colonnes de notre
« temple des bonnes pratiques » :
« 2.1 Le cadre
déontologique et
la posture
La quête aléatoire qui se joue autour de l’organisation de la réflexivité, des capacités de questionner, voire de la remise en cause des schémas d’action de l’organisation emportée par une inertie cognitive (Tannery, 2009) se doit d’obéir à des règles opérationnelles d’exercice de la profession de coach. Le cadre déontologique régit l’activité de coaching en énonçant un ensemble de droits et devoirs en vue du respect d'une éthique. « Si
la déontologie revêt un caractère pragmatique indéniable car elle énonce des repères à la fois juridiques et éthiques, elle ne se cantonne pas à un décalogue de bonnes conduites ; elle permet au coach d’appartenir à un corps professionnel, de s’interroger sur les évolutions du métier, d’en débattre entre pairs » (Barreau, 2011, p. 75).
La déontologie est certes un beau document à même de rassurer le client mais plus encore que cela, c’est un guide que chaque professionnel devrait relire avant chaque intervention (Delivré, 2012).
L’étude de la demande globale de coaching offre au coaché à travers des efforts de réflexivité la possibilité d’envisager les modifications nécessaires aux changements de sa situation. « Cette déconstruction est rendue possible par l’assurance du respect inconditionnel de la déontologie de la part du coach »
(Barreau, 2011, p. 74). »
La
déontologie se pose. Nous cadrons le coaching, nous alimentons nos savoirs,
nous améliorons nos pratiques, nous contractualisons les relations, nous nous
professionnalisons. L’explosion du marché du coaching, la cohorte de tous ceux
qui arrivent, le développement de l’activité…
« Si
vous venez me voir, c’est pour vous passer de moi. »
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